Vols d’arbres et de fleurs : comment les puces RFID pourraient sauver les budgets des communes

09 novembre 2025 - Alexandra

Quand les massifs municipaux deviennent des cibles

Au tournant du printemps, nombre de municipalités françaises redoublent d’efforts pour fleurir ronds-points, cimetières, massifs et allées : arbustes jeunes, fleurs saisonnières, plants décoratifs. Mais depuis quelques années, ce moment de renouveau s’accompagne d’un phénomène croissant : le vol de végétaux sur le domaine public. Comme le souligne un reportage d’une grande chaîne nationale* : « Ronds-points, cimetières… les vols de végétaux, un phénomène qui coûte cher aux communes. »

Dans une commune de l’Aisne*, une quinzaine d’arbustes ont disparu en pleine nuit ; à Bourgoin-Jallieu (Isère), l’adjoint aux espaces publics évoque un coût « entre 5 000 et 10 000 euros par an » pour sa commune.
Pour les services municipaux d’espaces verts, c’est une double peine : non seulement le temps et l’investissement pour planter sont perdus, mais il y a aussi l’effet démobilisateur sur les équipes et un impact sur l’image de la ville : « on aime bien avoir des fleurs dans notre ville », déplore une riveraine.

Un phénomène aux visages multiples

Les actes de larcin visent tant les gros végétaux (arbres nouvellement plantés) que les massifs ou les fleurs « petit budget ». Exemple : dans la commune de Cellieu (Loire), trois vols** en six mois ont été recensés : une quinzaine d’arbustes volés dans un massif en plein cœur du village.
Le phénomène touche aussi les cimetières, les entrées d’agglomération, les pépinières, voire les jardins privés.
Et s’il reste difficile d’obtenir des chiffres exhaustifs pour tout le territoire – la plupart des faits ne sont pas systématiquement remontés – les alertes se multiplient, tant auprès des élus que des services de l’État.

Acheter un kit de puces RFID pour végétaux

Pourquoi ce phénomène est-il sous-estimé ?

Pourtant, derrière ces vols parfois perçus comme anecdotiques, se cache une réalité plus complexe. Si le phénomène demeure largement sous-estimé, c’est qu’il échappe souvent aux radars administratifs et médiatiques. Les élus locaux constatent les dégâts, mais les enquêtes piétinent et les auteurs restent rarement identifiés pour l’instant … car nous verrons dans la suite de l’article que certaines communes ont pris la mesure du problème et lancent des actions vigoureuses.

Les raisons sont multiples et expliquent pourquoi ce fléau avance encore dans l’ombre :

  • La valeur unitaire d’un arbuste ou d’un massif peut paraître faible, et beaucoup d’élus hésitent à engager des démarches judiciaires lourdes***.

  • Le « trafic » est souvent ponctuel, en pleine nuit et l’auteur passe inaperçu. Le déplacement de végétaux peut exiger plusieurs personnes et matériel (par ex. arracher un arbre), ce qui revient vite coûteux pour les voleurs mais laisse peu de traces.

  • Le domaine public n’est pas systématiquement aménagé pour la surveillance de ce type de larcin : caméras, rond-points, sites isolés, massifs peu visibles.

  • Enfin, une fois le végétal volé, sa réintégration dans les circuits (vente en ligne via les plateformes grand public, professionnels de la vente de végétaux parfois trompés sur l’origine des végétaux) peut être invisible.

Pour une commune, les conséquences sont claires : perte de temps, de budget, de travail des agents de terrain, perte d’attractivité, fatigue et colères des habitants devant ces larcins impunis.

Lorsque des dizaines, voire des centaines d’arbres ou de plants sont volés, la facture grimpe rapidement.

Acheter un kit d'identification électronique pour végétaux

L’usage des puces RFID : une stratégie alliant traçabilité et dissuasion

Principe et avantage technologique

La technologie des puces RFID (Radio-Frequency Identification) permet d’identifier de manière unique un objet ou un élément, même quand celui-ci est dissimulé ou intégré. Appliquée au vandalisme végétal, l’idée est de « marquer » les végétaux sur le domaine public – arbres, arbustes, éventuellement souches ou pieds jeunes – avec des puces indétectables, insérées à l’intérieur du végétal ou dans le réseau racinaire lors de la plantation.
Ces puces sont invisibles, ne modifient pas l’apparence du végétal et contiennent un identifiant unique répertorié dans une base de données (e.g. commune, prestataire espaces verts).

Le recours à un huissier de justice pour certifier au préalable l’exactitude de la base de données peut renforcer encore davantage la force probante du dispositif en cas de vol avéré.

En cas de vol ou de découverte chez un tiers, la lecture de la puce permet d’établir un lien précis avec la commune d’origine : date de plantation, espèce, emplacement, service en charge.

Mais l’innovation ne s’arrête pas là : pour maximiser l’effet dissuasif, ce marquage RFID est mixé avec des affichages explicites dans les zones protégées du type « Végétal protégé », signalétique rappelant que les arbres ou arbustes sont tracés.

Une campagne de communication auprès des habitants peut également compléter la démarche dissuasive pour manifester le traitement du problème par les élus : campagne d’information, affichage « Ces plants sont tracés : tout enlèvement est sanctionnable ».

Pourquoi ce dispositif peut faire la différence

Voici les principales raisons pour lesquelles le dispositif de marquage de végétaux par puce RFID permet de réellement endiguer le vol de végétaux sur le voie publique :

  1. Traçabilité accrue : alors qu’aujourd’hui la plupart des vols de végétaux échappent à l’identification précise, la puce RFID permet de prouver formellement la provenance d’un végétal. Cela change la donne pour l’enquête : l’agent de police ou de gendarmerie n’a plus à partir de zéro pour établir l’origine et le lien avec la commune.

  2. Effet dissuasif : le marquage visible d’une zone associé à un marquage discret (puce) crée un doute chez le voleur : « suis-je en train de voler un végétal tracé/repéré ? » Cela favorise l’abandon de l’acte ou une cible moins risquée.

  3. Économie pour la collectivité : en réduisant la fréquence des vols, la commune économise sur les remplacements, les replantations, le temps des agents et les démarches judiciaires ou administratives. Cet argent peut être redirigé vers davantage de végétalisation, d’entretien d’espaces verts ou d’autres champs d’actions de la politique de la ville (e.g. culture, sport, enfance).

  4. Preuve en cas de revente illégale : les végétaux volés sont parfois revendus sur internet ou réinstallés dans des jardins privés/professionnels. Avec un marquage RFID, la découverte d’un arbre volé chez un professionnel devient une situation claire : attribution immédiate, preuves à l’appui.

  5. Communication et sensibilisation citoyenne : l’installation d’un tel dispositif donne aussi une image proactive de la collectivité : elle ne subit plus mais agit. Cela augmente l’attention des habitants, favorise la vigilance collective autour des massifs, et peut engager un partenariat “voisins-vigilants” autour des espaces verts.

Acheter un kit de marquage de végétaux

Les modalités de mise en œuvre pour une commune

Pour une mise en place efficace, plusieurs étapes sont nécessaires :

  • Inventaire des végétaux susceptibles d’être ciblés (arbres jeunes, sujets décoratifs de valeur, massifs d’entrée de ville).

  • Achat de puces RFID adaptées (quelques millimètres de diamètre, lecture par scanner portable) : les puces de type NFC ou RFID passives peuvent suffire pour cet usage de traçabilité.

  • Intégration lors de la plantation ou de la mise en terre : insertion dans le système racinaire, amarre au collet, insertion dans le végétal (à l’image de ce qui se pratique pour les poissons ou les animaux domestiques) ou collage/masticage sur l’arbre ou le végétal. Le choix de la puce dépendra de la nature des végétaux à marquer.

  • Base de données interne : chaque puce est enregistrée dans une base de données. Le registre des végétaux peut mentionner par exemple l’espèce, la date du marquage, l’emplacement, le numéro du lot.

  • Pose des leurres visibles : étiquettes « Végétal tracé – tout enlèvement est répréhensible », affichage dans les massifs.

  • Communication citoyenne : conférence, bulletins municipaux, signalétique en entrée de commune.

  • Protocoles d’intervention : en cas de découverte (ou de suspicion) d’un végétal volé chez un particulier ou professionnel, procédure d’investigation avec lecture de la puce, rapport, plainte éventuelle.

  • Suivi et évaluation de la démarche de marquage : comptage des incidents, comparaison des chiffres avant et après politique de marquage électronique, bilan financier pour le budget de la commune.

Un investissement rentable pour l’espace public

Certes, l’acquisition des puces RFID et l’installation initiale représentent un coût – mais comparé à la répétition des remplacements d’arbres ou de plantes volés, l’investissement s’amortit rapidement. Si une commune dépense entre 5 000 et 10 000 € par an en remplacements (comme dans l’exemple cité), réduire ce coût de moitié ou d’un tiers justifie largement le dispositif. La durée de vie d’une puce électronique est de plusieurs années. Les puces vétérinaires sont conçus pour fonctionner pendant la vie complète d’un animal marqué, soit plus de 15 ans. Les puces RFID utilisés pour marquer les végétaux sont du même type que celles employées par les vétérinaires ou encore celles employées pour réduire le vol de poissons de pêches sportives.
Par ailleurs, l’effet indirect sur l’attractivité de la ville, la valorisation de l’image (ville fleurie, bien entretenue) et la diminution du travail d’urgence des services participent à une meilleure gestion à long terme des espaces verts.
En choisissant une approche combinée — marquage + affichage sur les zones protégées + communication — la collectivité adosse une technique de traçabilité à une stratégie de prévention visible, renforçant l’effet dissuasif.

Les limites et les conditions de succès

Ce dispositif n’est pas non plus un système garantissant absolument la disparition des vols :

  • Il ne remplace pas complètement la surveillance humaine, la vidéosurveillance ou la vigilance citoyenne.

  • Son efficacité dépend de la couverture : si seuls quelques arbres sont marqués, les voleurs peuvent cibler les autres. Il faut donc une stratégie homogène et un maillage suffisant.

  • Le choix de la technologie (puce passive, portée lecture, robustesse dans le temps) doit être adapté à l’environnement et aux végétaux.

  • Enfin, la répression reste nécessaire : le dispositif ne remplacera pas les sanctions ni les démarches judiciaires. Il agit comme un outil complémentaire de dissuasion et de preuve.

Les puces RFID sont à intégrer dans l’arsenal de lutte contre le vol des végétaux

Le vol de végétaux sur le domaine public n’est plus un simple “petit larcin” anecdotique : c’est un phénomène de plus en plus structuré, touchant des communes de toutes tailles, et occasionnant des pertes financières, des tâches additionnelles pour les services techniques et des atteintes à l’attractivité urbaine.
En répondant par une stratégie combinée — l’usage de puces RFID pour marquer les végétaux, associé à des affichages visibles et une communication citoyenne — les communes disposent aujourd’hui d’un outil concret pour endiguer ce fléau, réduire leurs coûts et préserver la qualité des espaces verts offerts aux habitants.
À condition d’être mise en œuvre de manière rigoureuse, cette démarche innovante permet de passer d’une posture d’« on subit » à une posture d’« on agit ».

sources :

*https://www.tf1info.fr/societe/video-arbres-fleurs-a-peine-plantes-par-les-communes-deja-voles-2365653.html

**https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2023/05/03/vols-de-plantes-des-massifs-de-la-commune-pilles-trois-fois-en-six-mois

***https://jardinierparesseux.com/2021/12/13/le-voleur-de-plantes-frappe-encore

 
Suivant
Suivant

Comment faire des économies en copiant son badge d’immeuble ?